Restauration de carrosserie -cas pratique n°1

 

Un second article intéressant pour ceux qui se lancent dans la restauration à leur rythme:

Cet article présente les techniques de réfection de carrosserie à travers l’exemple concret de refabrication et de mise en place d’un renfort de carrosserie.

Il s’agit d’un projet simple mais qui n’est cependant pas sans difficulté pour le restaurateur amateur que je suis possédant un outillage et des compétences limtés.

Jetons un coup d’oeil à l’aile intérieure de cette Triumph TR4 de 1964. Pour les besoins de la réparation, la caisse a été retournée et ce que nous voyons là est une patte de fixation de la carrosserie au chassis au niveau de la roue avant.

Aie c’est pas beau du tout ! La tôle est pourrie de l’intérieur, de plus elle est cisaillée à l’avant du renfort, probablement en raison d’un stress excessif.

L’explication est là : la tôle de l’aile intérieure est doublée d’un renfort, soudé par points sur l’aile. A l’assemblage, les points de soudure n’ont pu suffire à une parfaite étanchéité. La rouille a donc pu s’installer confortablement entre les deux tôles et faire son oeuvre pendant une quarantaine d’années, provoquant cette corrosion perforante ..

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Première chose à faire : dépointer pour ne garder que du métal sain et voir de plus près l’étendue des dégâts.

Pour dépointer, il faut repérer les points de soudure (ce qui est en général assez facile), les attaquer avec une mêche à dépointer ou bien encore une mêche classique, puis séparer les tôles au burin ou au ciseau à bois. Il arrive qu’on oublie des points ou plus souvent encore qu’on ne dépointe pas pile sur le point, entrainant un déchirement des tôles lorsqu’on tente de les séparer.

Bref, c’est une opération qui nécessite patience et délicatesse. Voici le résultat, pas fameux mais on a sauvé le maximum de tôle saine.

Voici une vue du renfort une fois décapé à la brosse métallique. On voit bien la profusion des points de soudure et la rouille perforante. Bref, il est irrécupérable, il faut en fabriquer un autre.

Lorsqu’on fait de la restauration, on est pas obligé de reproduire les processus industriels initiaux si on estime qu’on peut faire mieux à la main ou qu’ils présentaient des faiblesses. Dans notre cas, afin de renforcer cette partie de la carrosserie qui va supporter la poids du capot avant, les ingénieurs de Triumph avaient concilié une solution économique et adaptée aux moyens de productions en usine : un renfort à pointer sur l’aile intérieure. Nous avons vu les inconvénients de ce procédé, qui présente un piège à humidité et favorise la rouille.

Réflexion faite, il n’y a aucun intérêt à reproduire ce procédé puisque la tôle sous le renfort est perdue, il sera plus avantageux et plus efficace de préparer un nouveau renfort en tôle de 1.5mm et de le souder en bord à bord avec la tôle de l’aile découpée aux contours du renfort. Ainsi, nous pouvons utiliser l’aile telle quelle sans apport de tôle, et la soudure bord à bord éliminera les problèmes potentiels de corrosion.

Le renfort est fait de tôle pliée, il ne présente pas de difficulté de production majeure, si ce n’est qu’en 1.5mm d’épaisseur, tout est plus compliqué qu’en tôle classique de 0.8mm, il faut beaucoup plus de force pour découper et plier !

Un patron en carton est produit à partir du modèle réel, puis est reporté sur la tôle vierge pour découpe. Personnellement, j’utilise une scie sauteuse car je ne possède pas de cisaille, mais pour les découpes droites, cette dernière est certainement la méthode la plus efficace.

Attention lors de cette étape de bien respecter les cotes du modèle original, car du modèle au patron, du patron à la tôle, puis à la découpe de la tôle, cela fait autant d’occasions d’enlever ou ajouter 1mm ! Ne pas oublier non plus pour les parties pliées de prendre en compte l’épaisseur de la tôle.

Pour le pliage, j’utilise ma super plieuse à 10€. Bien que très robuste, elle révèle ses limites avec de la tôle de cette épaisseur.

Il y a de nombreux plis à réaliser dans plusieurs directions et le problème une fois qu’on a fait le premier pli est qu’il devient impossible d’utiliser la plieuse, il faut poursuivre avec les moyens du bord, à moins de possèder une plieuse professionnelle à compartiments spécialement adaptée à ce que les anglo- saxons appellent ici « box sections ».

Dans mon cas, je me débrouille avec des blocs de bois, des gros serre-joints et des marteaux de carrossier. L’opération est longue et fastidieuse.

Après une bonne heure de pliage, le résultat est à la hauteur : un renfort tout neuf ! Il aura encore fallu percer quelques trous et limer mais dans l’ensemble je suis satisfait.

 

Passons à l’assemblage. Tout d’abord il faut découper l’aile intérieure pour que le nouveau renfort puisse s’incruster puisque nous allons souder en bord à bord.

Opération délicate car si je découpe trop de tôle je vais avoir un mal fou à combler le trou avec le MIG ! J’ai reporté avec soin les contours du nouveau renfort et ai découpé à la disqueuse en essayant de ne pas avoir la main trop lourde ! Voici le résultat.

Assemblage à blanc du renfort. Ce n’est pas parfait, de la tôle rouillée a du être éliminée dans l’arrondi, il faudra combler cela au MIG. Il faut également marteller un peu la tôle de l’aile pour l’adapter à la forme du renfort mais rien de grave.

Pointage de la pièce. Ceci est indispensable avant de faire les cordons de soudure, pour éviter toute distorsion.

On peut maintenant compléter toutes les soudures bord à bord. Sur la partie gauche verticale, toutefois, j’ai sélectionné une soudure par points.

Cette étape est délicate, il s’agit de bien connaitre les paramêtres de soudure de son MIG afin de ne pas faire de trous ! Dans mon cas, j’avais parfois un jour de 1mm entre les tôles et que le MIG devait combler tout en soudant, pas facile ! De plus, afin de ne pas déformer la tôle, je suis obligé de procéder par petits cordons de quelques centimêtres, en laissant refroidir quelques secondes entre les cordons, ce qui donne un résultat peu esthétique à première vue.

Dernière difficulté : meuler mais pas trop ! Comme cette partie ne sera pas exposée aux regards, on ne meule que modérément.

Sur le cliché, les deux renforts sont en place, le résultat est propre.

BILAN

Ce cas concret aura sollicité les principales fonctions de la restauration de carrosserie : élimination de la partie rouillée, formage d’une tôle de remplacement, positionnement et soudure. La difficulté majeure a résulté de la complexité relative de la forme à réaliser, mais surtout aussi de la nécessité de travailler avec de la tôle de 1.5mm, au lieu du traditionnel 0.8mm beaucoup plus accomodant.

Il m’aura fallu environ 1 jour et demi pour mener ce projet à bien sur les deux supports. beaucoup de temps aura été perdu à cause du manque d’outillage, notamment des difficultés à plier du métal de cette épaisseur.

Concernant la stratégie utilisée, il apparait que le choix de faire du bord à bord, si il est judicieux et permet d’améliorer le modèle original, aurait en outre permis de ne pas avoir à respecter la forme originale du renfort, et notamment à l’agrandir sensiblement de façon à être sûr de découper toute zone de rouille sur l’aile intérieure. Cela aurait évité une phase d’ajustage et remplissage de trous au MIG sur les pourtours du renfort original.

En conclusion, l’expérience est certainement gratifiante, et a permis d’économiser plus de 200€ en pièces de refabrication qui de toutes façons n’auraient pas probablement pas respecté les cotes originales et auraient dues être retravaillées des heures durant !

Source:

http://classic-garage.net/article/4

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