L’Autodrome de Linas-Montlhéry, non loin de Paris, a longtemps été un des hauts lieux du sport automobile, et particulièrement de l’endurance en France.

Le circuit a été fondé en 1924 par Alexandre Lamblin, un fabricant de radiateurs pour l’aéronautique et l’automobile qui était également propriétaire d’un journal sportif « L’Aéro-sport ». A l’origine, le circuit  était un ovale,  un anneau de vitesse comportant deux lignes droites de 180 mètres chacune et avec à chaque extrémité, des virages concaves très relevés (à 51°, un banking impressionnant)  permettant d’atteindre au sommet de ces virages des vitesses très élevées. La majeure partie du circuit se déroulant un courbe, il développait un peu plus de 2,5 kilomètres.

Après la maladie et le décès de son fondateur, le circuit tomba dans l’oubli et fut mis en vente en 1939 avant d’être racheté par le Domaine National et d’être très endommagé pendant la Seconde Guerre Mondiale. Après celle-ci, l’UTAC (Union Technique de l’Automobile, du motocycle  et du Cycle) a obtenu en 1946 un bail pour gérer les pistes et les installations de l’autodrome, le remettant en état, ce qui permettait un regain de l’activité du circuit avec, entre autres, des essais. Dans les années 1950, le circuit se transforma peu à peu, avec l’adjonction de tribunes, de stands, d’extensions du tracé, d’un resurfacement. Le développement du circuit était porté à 7,784 Km. Le circuit a également accueilli à 13 reprises le Bol d’Or Moto et même le Championnat du Monde de Cyclisme en 1933 !

Les mesures de sécurité devinrent très exigeantes, notamment après le tragique accident des 24 Heures du Mans en 1955, mais la première épreuve majeure sur le circuit de Linas-Montlhéry eut lieu malgré tout en 1956, le Grand Prix de l’Automobile Club de l’Ile-de-France », qui fut remporté par Jean Behra et Louis Rosier au volant d’une Maserati 300S. Après une interruption de trois années, l’épreuve, devenue « 1000 Km de Paris) revoit le jour en 1960 (victoire de Olivier Gendebien/Lucien Bianchi avec une Ferrari 250 GT) et sera remportée en 1961 et 1962 par Pedro et Ricardo Rodriguez, ce dernier remportant à Montlhéry sa dernière victoire avant de se tuer une semaine plus tard accidentellement lors d’essais à Mexico. Après une éclipse en 1963, l’épreuve (sauf en 1965) fut organisée jusqu’en 1972, puis connut une éclipse de 1973 à 1993, avant de revivre deux années en 1994 et 1995, il y a donc 20 ans pour la  dernière course.

Les 1000 Km de Paris ont connu des vainqueurs de prestige, que ce soit pour les pilotes (entre autres Joachim Bonnier, Graham Hill, Mike Parkes, Jacky Ickx, Rolf Stommelen, Hans Herrmann, Jean-Pierre Beltoise, Henri Pescarolo, Jack Brabham, François Cevert, Derek Bell, Gijs Van Lennep, Gérard Larrousse…) ou pour les voitures (Maserati 300S, Ferrari 250 GT et GTO, Ferrari 330P, Mirage M1 Ford, Porsche 908, Matra-Simca MS650 et 660, Porsche 917,Lola T280-2, Venturi 600 LM et  Porsche  911 GT2). Un tel palmarès suffit à reconnaître la  valeur de l’épreuve.

L’Autodrome de Linas-Montlhéry accueillait également le Grand Prix de l’Âge d’Or, un des plus importants meetings historiques –succédant aux Coupes de l’Âge d’Or organisées sur le circuit de Rouen-les-Essarts. Le Grand Prix de l’Âge d’Or 2004 a été la dernière épreuve d’importance organisée sur l’Autodrome. Après cette date, le circuit ne fut plus homologué pour les courses.

L’UTAC est toujours détentrice du bail du circuit et s’en sert comme centre d’essais. En signant un partenariat avec l’UTAC, Franz Hummel a décidé de redonner vie au circuit de Linas-Montlhéry et a organisé en 2015 la première édition des « Grandes Heures Automobiles » sur l’Autodrome.

Celui-ci est un ancien pilote, auteur de deux participations aux 24 Heures du Mans (1975 sur Lola T292, 1977 sur Porsche 934). Franz Hummel a une expérience appréciable de l’organisation, puisqu’il était le maître d’œuvre des 24 Heures sur Glace et des Rondes Hivernales de Chamonix de 1974 à 2004 et des Week-Ends de l’Excellence, sur un autre circuit français mythique, le circuit de Gueux, près de Reims, autrefois hôte des Grands Prix de France F1 et des 12 Heures de Reims, en leur temps partie intégrante du Championnat du Monde des Voitures de Sport.

La première édition des Grandes Heures a lieu les 26 et 27 septembre 2015. La notion de compétition en était absente, puisqu’il n’y avait pas de chronométrage, mais en revanche les autos et les motos se succédaient sur la piste puisque 200 voitures et 100 motos ont participé à ce premier meeting, les séries de runs se suivant tous les quarts d’heure. En sus de ces prestations sur piste, dans l’enceinte du circuit était organisée une exposition de voitures mythiques et les spectateurs pouvaient profiter également des rassemblements de Clubs autos et motos, le Village étant situé au centre de l’anneau de vitesse.

Pour cette première édition, on a pu voir en piste quelques beaux protos comme des Porsche 910, des Ford GT40 et même une McLaren Can-Am, des Jaguar (C, D…) mais aussi de belles GT avec pléthore de Porsche, de Ferrari, des BMW M1, les Groupe B du Championnat du Monde des Rallyes.

Beaucoup de pilotes avaient fait le déplacement, comme René Arnoux, Yannick Dalmas, Jean-Pierre Jabouille, Jean-Pierre Jaussaud, Bruno Saby, Jacques Laffite, Henri Pescarolo et bien d’autres.

Fort de cette réussite, Franz Hummel va organiser à nouveau « Les Grandes Heures Automobiles », les 24 et 25 septembre 2016. En plus de l’autodrome, les autos et motos pourront profiter du légendaire circuit routier de 3,405 km, avec les deux Ponts, le Virage de la Ferme et l’Épingle du Faye.

Ce sera une nouvelle occasion de voir de près et d’entendre les mécaniques qui ont fait le bonheur de plusieurs générations. Nous aurons l’occasion d’en reparler…

Comme nous l’a dit Franz Hummel : « Si l’on aime les sports mécaniques, soit on est venu à Linas-Montlhéry, soit on y était ce week-end, soit on y viendra »